Les six paramitas : les vertus de l’éveil et du bonheur

Les six paramitas ou six perfections, sont des qualités ou vertus essentielles dans la pratique du bouddhisme Mahayana. Elles représentent des attitudes et des actions qui aident à progresser sur le chemin de l’éveil.

Voici une description de chacune des six perfections.

1. La générosité

C’est l’intention du don avec une motivation pure. Il ne s’agit pas seulement de donner à ceux que l’on aime, ce qui est facile, mais d’être motivé.e par une équanimité plus vaste. Apprendre à donner à nos ennemis est bien plus difficile que de donner à nos proches, mais cela est extrêmement méritoire. Au début, cette attitude n’est pas spontanée et résulte d’une réflexion, tout comme lorsque nous apprenons une nouvelle compétence, mais par la pratique, nous en ressentons les bénéfices.

Les bienfaits de la générosité sont multiples, tant pour la vie présente que pour la vie future. Dans notre vie quotidienne, la générosité et la réciprocité est une source de joie de vivre.

Le don ne se limite pas au matériel. On peut distinguer trois types de dons :

  • La protection : protéger tous les êtres sensibles de la peur et de toutes sortes de menaces, y compris les dangers provenant des éléments naturels tels que le feu, l’eau, la terre et l’air.
  • Le don matériel : le don d’objets ou d’argent n’est pas réalisable uniquement si l’on possède une grande quantité de biens, il s’agit avant tout d’un état d’esprit. Le simple fait de penser sincèrement que, si nous en avions les moyens, nous donnerions à ceux dans le besoin témoigne déjà d’une grande générosité. Chaque don doit être à la hauteur des capacités de chacun.e.
  • Le don du Dharma : enseigner le Dharma et donner des explications sur la pratique. Tout le monde n’a pas la capacité d’enseigner le Dharma, mais avoir la volonté d’apprendre pour pouvoir transmettre un jour est un acte généreux en soi.

Pour qu’elles soient vertueuses, les actions doivent être accompagnées d’amour universel, c’est-à-dire le souhait que tous les êtres atteignent le bonheur, en dédiant les mérites de nos pratiques et de nos actions au bien de tous les êtres. Cet amour mène à l’esprit d’éveil, sans nécessairement impliquer une démarche spécifique pour aider autrui.

Pour que le don soit l’aboutissement d’une motivation juste, il ne faut pas donner dans le but d’acquérir des mérites. Nous pouvons être conscient.e.s du mécanisme des actions vertueuses, mais cela ne doit pas être la motivation principale. La générosité est une philosophie de vie à part entière. Elle découle d’une réflexion sur le sens de notre propre vie, sur la condition humaine et l’interdépendance.

2. L'éthique

La moralité consiste à appliquer une éthique qui vise avant tout à ne pas nuire aux autres. C’est le fondement à partir duquel nous organisons notre vie de manière à pouvoir également rendre service. Ainsi, pour harmoniser notre vie avec nos aspirations profondes, nous cherchons à créer des conditions bénéfiques et à éviter les comportements non vertueux tels que l’agressivité, la jalousie, l’orgueil ou la médisance, qui nuisent aux autres.

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Même nos pensées peuvent engendrer de la négativité. Le simple fait de souhaiter qu’une chose négative se produise crée un karma négatif. Pour que ce karma se développe pleinement, il faut toutefois réunir quatre facteurs : l’intention, l’action, le résultat et la satisfaction. La moralité peut être appliquée de différentes manières selon le niveau d’engagement auquel nous souhaitons nous conformer.

3. La patience

Il s’agit d’avoir un esprit libre des perturbations émotionnelles. Nous cherchons alors à :

  • Ne pas réagir aux situations qui nous dérangent (aux insultes,  à l’agression,…) avec une intention négative. Cela ne signifie pas ne pas réagir. Dans des situations où notre vie ou celle d’autrui est en danger, il est évident que nous devons réagir. Néanmoins, notre réaction doit être mesurée et nous devons veiller à ne pas porter atteinte à la vie de l’autre ni agir avec haine ou méchanceté.
  • Accepter les obstacles et les souffrances. Il ne s’agit pas de rechercher délibérément la souffrance, mais plutôt de ne pas ressentir d’irritation face à la souffrance ou aux obstacles. Étant donné que nous rencontrons tous des obstacles à un moment ou à un autre de notre vie, la pratique de la patience nous permet de rester objectif.ve.s, de ne pas réagir de manière impulsive et de maintenir une vision claire en dehors de toute réaction émotionnelle. Face à un problème, nous cherchons à maintenir notre calme, à respirer profondément, à apaiser notre esprit pour éviter la panique ou l’agressivité. Nous examinons la situation et les différentes solutions qui s’offrent à nous pour la résoudre. A l’ultime, c’est accepter la souffrance avec la conscience qu’elle est le résultat de nos propres actions passées, et que le fait de la ressentir dans cette vie-ci nous libère de son fardeau qui aurait autrement été porté dans une vie future.
  • Faire preuve de patience sur le chemin du Dharma. Face aux obstacles rencontrés et à notre capacité limitée à réagir sereinement, nous devons accepter que le chemin puisse être long et que nous devons travailler sérieusement sur nos émotions pour développer une méditation stable et un calme mental.

4. L’effort enthousiasme

Il s’agit de l’état d’esprit qui trouve du plaisir à s’engager dans des pratiques vertueuses et maintient la « motivation joyeuse » pour la pratique. Cet état d’esprit s’oppose aux trois types de paresse :

  • La procrastination lorsqu’on remet les choses à plus tard en repoussant les décisions et les actions en trouvant toutes sortes de bonnes raisons pour le faire. Notre ego invoque divers prétextes tels que le manque de temps, la condition physique, météo,…
  • La dispersion lorsqu’on considère que d’autres tâches sont plus urgentes et qu’elles nous empêchent de nous consacrer à la pratique ici et maintenant. On tente de combiner la pratique du Dharma avec ces autres occupations, comme par exemple réciter des mantras tout en jardinant, alors que l’effort principal devrait être dirigé vers la pleine présence pour que la pratique soit réellement efficace.
  • Le découragement devant les difficultés ou que l’on croit ne pas avoir les capacités nécessaires. En cherchant de bonnes raisons pour ne rien faire, l’ego trouve l’excuse de sa prétendue incapacité : je ne peux pas le faire, donc je ne le fais pas.

Nous combattons la paresse par la motivation de développer les outils nécessaires pour atteindre l’Éveil et en ayant la volonté d’aider les autres. Cela implique un effort constant.

5. La concentration

C’est maintenir son esprit focalisé sur un objet ou un but vertueux, de façon ininterrompue. Souvent, après avoir pris de fermes résolutions, nous avons placé notre esprit dans un état de concentration. Cependant, après quelques instants, quelques minutes, quelques heures, quelques jours ou quelques mois, nous nous sommes laissé.e.s distraire par diverses circonstances ou d’autres pensées. Nous avons alors perdu le fil de notre concentration et nous sommes éloigné.e.s de notre objectif, allant parfois jusqu’à nous diriger vers un but opposé, en oubliant totalement notre intention première.

La concentration est nécessaire à toute spiritualité, et même pour toute réalisation. Il est important de dissocier la concentration de la tension. Il n’est pas nécessaire de se torturer l’esprit du matin au soir en fronçant les sourcils pour être concentré. On peut être profondément concentré sans éprouver de tension. En fait, la tension peut même entraîner une perte de concentration. Être concentré signifie plutôt placer son esprit sur un objet ou un but et le maintenir sans se laisser distraire par des phénomènes extérieurs.

Si une pensée surgit, on la laisse simplement passer et disparaître sans s’y attacher, sans quitter notre objet de concentration. Il peut aussi arriver que la concentration diminue, soit parce qu’une pensée traverse notre champ de conscience, soit parce qu’une certaine torpeur se manifeste, souvent due à un manque de vigilance et d’effort. La concentration engendre une flexibilité à la fois mentale et physique. Cette flexibilité mentale permet à l’esprit d’être touché par une pensée perturbatrice sans se dévier. Lorsque l’esprit est bien concentré, l’ensemble du schéma corporel est libéré des tensions et acquiert une certaine souplesse.

6. La sagesse

La sagesse permet la discrimination juste. On peut identifier 3 types de sagesse :

  • La sagesse ultime : celle qui réalise le non-soi des individus et des phénomènes, la vacuité. Cette sagesse est développée grâce à la méditation et à un travail sur la non-existence inhérente des phénomènes, en utilisant le calme mental acquis par la concentration. Elle constitue l’antidote direct à l’ignorance fondamentale et est la clé de la libération.
  • La sagesse conventionnelle : c’est la sagesse dans les domaines de la médecine, des arts, des sciences, de l’astrologie,… Il s’agit d’une compréhension dans différents domaines de connaissances. Au-delà d’une simple savoir théorique, cette sagesse permet une appréhension approfondie et globale dans le domaine concerné. Cette sagesse est importante pour éviter les erreurs, que ce soit dans l’application d’une méthode ou dans la réponse à diverses questions et pour soutenir le discernement.
  • La sagesse bénéfique aux autres : elle consiste à comprendre les différentes dispositions, motivations et besoins des êtres. C’est une aptitude particulière à comprendre les autres de manière très fine, afin de mieux répondre à leurs besoins et attentes.

Les six paramitas, ou les six perfections, représentent des valeurs et des pratiques essentielles dans le bouddhisme pour atteindre l’éveil et le bien-être, tant pour soi que pour autrui.

En intégrant ces six perfections dans notre vie quotidienne, nous cultivons des qualités intérieures positives, renforçons notre bienveillance envers les autres et nous rapprochons de notre propre développement spirituel.

Les six paramitas sont un guide précieux pour cultiver la sagesse, la compassion et la bonté envers tous les êtres. En pratiquant ces paramitas, nous ouvrons la voie vers une transformation profonde de notre esprit et une contribution significative au bien-être du monde qui nous entoure.

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